Les trois phrases de Carmelo Virone

Portrait Cv (2)@soutenirlafamillemgroyan demande à des écrivains de livrer un petit texte de soutien. Quelques mots, quelques lignes pour témoigner de leur solidarité, pour partager leur réflexion sur l’exil, le réfugié, l’autre. Carmelo Virone nous livre un peu plus que trois phrases, un poème où il évoque notamment ce « Moitié ici moitié/ dans mon pays d’absence ».

Dehors

Chez moi c’était hier
à présent sur la route
je cherche sans répit
un possible demain.

Qui a tué mon père ?
Une bombe au matin.
De quoi ma mère est morte ?
De peur ou de chagrin.

On me dit la misère
qu’on ne peut accueillir.
Je campe à leur frontière
assis sur un bidon.

A dix-sept ans ma force
n’attend que l’occasion.
J’ai beau bomber le torse
Ils me répondent non.

Le temps fuit goutte à goutte
l’attente est sans limites
la poussière et les mouches
un chien mort écrasé.

Papiers verrous murailles
ils ne sont que refus.
Rejeté où que j’aille
je ne suis qu’un rebut.

On devient furieux
quand on a dix-sept ans
en bouche un goût fiévreux
une envie de grenade

Rien à faire c’est long
comme un chemin d’errance.
Mes baskets sont usées
et mes désirs se trouent.

Moitié ici moitié
dans mon pays d’absence
dans l’histoire que tracent
en moi mes cicatrices

Tu parles d’espérer
Rêver coûte trop cher
Sur la roue de ma chance
j’affûte ma colère

Et qui vivra verra.

Carmelo Virone

Plus d’infos sur Carmelo Virone: https://www.entonnoir.org/2017/06/02/marcheurs-des-temps-presents/

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